Vous connaissez sans doute la phytothérapie mais peut-être moins sa branche spécialisée dans les champignons, la mycothérapie. Objets de recherche très plébiscités ces dernières années, ils ont une action bénéfique sur la santé. Leurs vertus dépassent de loin l’action immuno-stimulante la plus connue…Petit point sur ces merveilles de la Nature.
Parmi les 100 000 espèces de champignons qui existeraient dans le monde, on en connait environ 10% et parmi elles seulement 650 sont pour l’instant répertoriées pour leurs vertus thérapeutiques, ce qui laisse présager des découvertes encore surprenantes. Il est d’ailleurs très étonnant que les pays occidentaux aient mis si longtemps à s’intéresser aux champignons à qui nous devons l’interconnexion du sol, des nutriments et des plantes, connexions fondamentales pour le développement de la vie sur Terre. Les propriétés antibiotiques du penicillium qui a donné lieu à la pénicilline n’ont-elles pas marqué l‘histoire de la médecine ?
Vieux comme le Monde
La pharmacopée chinoise utilise depuis des lustres certaines espèces de champignons aux vertus largement démontrées. Le célèbre Traité des Herbes Médicales Pen-ts’ao king, écrit par Shen Nong (vers 2800 Av. JC), parle du reishi comme d’un champignon divin capable de prolonger la vie et d’harmoniser l’équilibre physique et spirituel. Des civilisations anciennes d’Amérique Centrale, d’Océanie, d’Asie consommaient régulièrement des champignons à des fins thérapeutiques mais également pour certains rituels religieux. Des champignons « magiques », « nourriture pour l’esprit » permettaient d’accéder à une autre réalité. En Occident, dans les années 70, la psilocybine (composé qui agit sur le cerveau en se fixant sur le récepteur de la sérotonine) des champignons hallucinogènes a fait le bonheur des amateurs d’expériences transcendentales. L’intérêt grandissant pour la mycothérapie relance les études sur la psilocybine qui pourrait avoir son rôle à jouer dans le traitement de certains troubles psychologiques (addictions, dépression, etc.).
Super concentrés
Une seule espèce de champignon médicinal peut contenir des centaines de substances bioactives. Au cours des 30 dernières années, des milliers d’articles scientifiques ont été publiés et de multiples études soulignent les applications cliniques de ces substances. Propriétés immunostimulantes, anti-inflammatoires, antitumorales, hepatoprotectrices, antioxydantes, antibactériennes, antiparasitaires, antibiotiques, etc., ces champignons n’en finissent pas de nous surprendre. Ils présentent également une particularité étonnante ! Nous partagerions 35% de notre ADN avec le champignon, ce qui lui confère une très bonne biodisponibilité et un grand pouvoir adaptogène, il donne les moyens à l’organisme de s’adapter. Concrètement, le même champignon est utilisé en cas d’hypothyroïdie et d’hyperthyroïdie, son pouvoir modulateur peut soit stabiliser, soit freiner l’activité de l’organisme selon les besoins.
Lorque vous consommez des champignons vous faites également le plein de vitamines (particulièrement celles du groupe B impliquées dans la production d’énergie et le fonctionnement du système nerveux), acides aminés, oligoéléments, minéraux, fibres, phénols, enzymes et quelques acides gras essentiels. Et pour parfaire le tout ils contiennent également de longues chaînes de sucres que l’on appelle alpha et béta-glucanes qui stimulent la réponse immunitaire innée et adaptative (qui apparaît au cours de notre vie) ainsi que la phagocytose (processus qui permet à une cellule d’englober puis de digérer une substance étrangère).
Les champignons pour quelles pathologies ?
Acné, allergies, Alzheimer, anxiété, bronchite, cancer colorectal, cancer de la prostate, du poumon, du sein, du foie, des intestins, cirrhose, constipation, candidose, déficience cognitive, dépression, dermatite atopique, diabète sucré, dysfonctionnement érectile, dysbiose intestinale, gastrite, grippe, herpès, zona, insomnie, maux d’estomac, hypercholestérolémie, hypertension artérielle, infection virale, intolérances alimentaires, otite, ménopause, obésité, ostéoporose, sinusite, thrombose, etc. Seuls ou en association avec d’autres traitements, les champignons démontrent chaque jour leur efficacité.
Certains champignons tels que le shiitake, le maïtake, le reishi, l’ABM (agaricus blazei murill), l’hydne hérisson, le cordyceps et le pleurote sont les rois de la mycothérapie. Regardons de plus près certains d’entre eux. Le shiitake présente une action stimulante sur l’activité de certaines cellules immunitaires, il est donc un soutien de choix aux traitements médicamenteux, luttant contre de simples infections saisonnières et autres infections pathogènes ainsi que dans le soutien nutritionnel de certains cancers. Le maïtake possède des vertus antitumorales et immunomodulatrices et il est très efficace pour contrer les effets des radicaux libres de l’organisme. Certaines études lui donne aussi une action positive sur l’hypertension liée à l’âge. Le reishi possède un puissant impact sur la vitalité et la résistance de l’organisme. Utilisé en cas de fatigue, de neurasthénie, d’affaiblissement ou en période de récupération, il a une action bénéfique sur tous les types d’inflammation, il est excellent pour lutter contre les allergies, le cholestérol et possède d’importantes propriétés régénératrices du foie. Il peut avoir une influence bénéfique sur toutes les maladies liées à un affaiblissement des défenses de l’organisme. Le pleurote quant à lui a la faculté de stimuler la phagocytose, il réduit la fréquence des infections des voies respiratoires supérieures dans les six mois suivant une complémentation et améliore l’état de santé des patients atteints d’infections virales et mycosiques récurrentes. Ces alicaments d’exception donnent des résultats si intéressants pour lutter contre le cancer en accompagnement d’une chimiothérapie ou de radiothérapie, qu’on parle de myco-oncologie. L’ABM est le champignon qui, à l’heure qu’il est, réussit le mieux à stabiliser le système immunitaire. Il favorise l’autodestruction des cellules cancéreuses ou leur destruction par nos globules blancs ou leucocytes tueurs. Son efficacité a été démontrée pour les cancers de l’abdomen, intestin, pancréas, foie, poumons, prostate et tumeurs au cerveau.
Sous quelle forme consommer ces champignons ?
Les principes actifs des champignons médicinaux sont peu assimilables lorsque ces derniers sont consommés entiers, du fait de la présence de chitine, un composant qui limite leur absorption. Certaines préparations de mycothérapie contiennent uniquement du mycellium (cf encadré), d’autres sont préparées à partir de sporophore (appareil reproducteur du champignon) et d’autres encore associent les deux. Les laboratoires Biophytarom, Copmed et Hifas da Terra proposent des préparations de qualité sous forme de gélules. La posologie est à affiner avec un thérapeute.
La face cachée du champignon
La partie la plus intéressante du champignon se cache sous terre : le mycélium. Formé de très fins et très longs filaments, il constitue un réseau de communication très performant. Les arbres et les végétaux communiquent entre eux à travers ces filaments et les champignons les utilisent aussi pour transmettre des nutriments. Mais ce n’est pas tout, le champignon consomme les déchets, décompose la matière organique et fabrique de l’humus qui enrichit la terre ! Il s’imprègne des polluants et les digère…il est donc impératif de ne pas les cueillir n’importe où !
En savoir plus : Les vertus médicinales des champignons, Dr Bruno Donatini, éd.MIF ; Les champignons de Santé et de longévité, Jean-Claude Secondé et Jacques Mandorla, éd. Grancher.