Si l’âge et la génétique jouent un rôle majeur dans la survenue de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), il n’en reste pas moins qu’en associant traitements actuels allopathiques, traitements naturels et hygiène de vie adaptée, il est possible de mieux vivre cette maladie dégénérative.
La DMLA est la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans, elle touche une personne sur deux à partir de 80 ans. En raison du vieillissement de la population et de l’augmentation de la durée de vie, la DMLA est un enjeu majeur de santé publique. On estime aujourd’hui en France que plus d’un million de personnes seraient touchées et qu’à l’horizon 2030 plus de deux millions pourraient être concernées. La maladie attaque la macula, la zone centrale de la rétine la plus incidente aux rayons lumineux. Pour comprendre ce qui se trame dans l’oeil, scrutons la macula de plus près. En clair, la macula est la zone de la rétine, à l’arrière de l’œil, où convergent les rayons lumineux en vision diurne. Elle contient en son centre une petite dépression appelée fovéa, entièrement composée de photorécepteurs. C’est grâce à eux qu’il est possible de lire de petits caractères ou encore de reconnaître les traits d’un visage. Les photorécepteurs sont apposés à une couche de cellules, « l’épithélium pigmentaire », lui-même posé sur une couche très vascularisée « la choriocapillaire ». La maladie se déclare suite aux lésions qui se forment au niveau des photorécepteurs, de l’épithélium pigmentaire, de la choriocapillaire mais également au niveau de la membrane qui sépare la choriocapillaire de l’épithélium pigmentaire. La macula, riche en pigments de couleur jaune, composés notamment de lutéine et zéaxanthine est parfois surnommée « tâche jaune ».
Quand la macula est à l’agonie
Reprenons depuis le début…bien avant l’atteinte de la macula, la maladie débute par une phase précoce, sans dégénérescence, appelée maculopathie liée à l’âge (MLA ou « sèche précoce »). Cette phase se caractérise par l’accumulation de petits dépôts blanchâtres à l’intérieur et autour de la macula. Ces dépôts sont visibles lors d’un simple examen de fond d’œil. Cette phase est le plus souvent asymptomatique, mais le patient peut éventuellement percevoir des lignes droites déformées et des taches floues. Cette maculopathie va malheureusement évoluer en forme dégénérative dans la moitié des cas, affectant un seul œil ou les deux. Dans ce cas ça se complique !
Rien de réjouissant : perte progressive de la vision centrale, acuité visuelle amoindrie avec des difficultés à percevoir les détails, des couleurs, une vision floue, baisse de la sensibilité aux contrastes, vision plus terne et une déformation des lignes droites. La tache noire caractéristique de la maladie qui apparaît au centre du champ de vision correspond à l’atteinte de la macula. Il existe deux formes de DMLA. La forme atrophique encore appelée « forme sèche » est de loin la plus fréquente, d’évolution lente, elle se caractérise par une atrophie progressive de la macula. Sont observés un amincissement ou une pigmentation anormale de la macula. Une forme exsudative, moins répandue, dite « forme humide » est due à la diffusion de liquide à partir des vaisseaux sanguins se développant démesurément dans la macula. Les dégâts sur la rétine tuent les cellules photosensibles. La forme humide peut conduire à la perte de la vision centrale en quelques mois voire quelques années si aucun traitement n’est entrepris. Traitement au laser et parfois chirurgie peuvent être préconisés ainsi que des traitements s’opposant à la prolifération vasculaire.
Côté recherche, ça bosse !
Les chercheurs travaillent à l’amélioration de la prise en charge des différentes formes de DMLA. En mars 2019, une équipe de chercheurs britanniques et américains a annoncé avoir restauré, grâce à des cellules souches, la vision d’un octogénaire et d’une sexagénaire atteintes de DMLA forme humide. Ils ont utilisé des cellules souches embryonnaires pour développer, sur un petit échafaudage plastique, des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien. Ils ont ensuite transplanté ces tissus, chez deux volontaires. « Les patients ont été suivis pendant douze mois et ont fait état d’une amélioration de leur vision. Ils sont passés de l’incapacité à lire même avec des lunettes, à une capacité à lire 60 à 80 mots par minute avec des lunettes de lecture ordinaires », a précisé l’hôpital Moorfields de Londres. Impossible de crier victoire avec une expérimentation à si petite échelle mais ces résultats sont très encourageants. Déjà en 2015, la prestigieuse Revue Stem Cells publiait les résultats d’une étude menée par des chercheurs du Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles, annonçant qu’une injection de cellules souches dans l’œil permettrait aux malades atteints de DMLA de bénéficier de 16 années de vision en plus. Sont évidemment à l’étude de nouveaux traitements médicamenteux : plusieurs molécules sont actuellement testées comme alternative aux injections d’anti-VEGF (le VEGF ou Vascular endothelial growth factor estle facteur de croissance de l’endothelium vasculaire, une protéine dont le rôle dans l’organisme est de déclencher la formation de nouveaux vaisseaux sanguins), seul traitement à ce jour permettant de stopper la forme humide de la DMLA. Parmi ces pistes, des anti-VEGF en collyre ou des médicaments qui seront combinés aux anti-VEGF pour renforcer leur efficacité et permettre un espacement des injections. La thérapie génique est également une piste sérieuse à confirmer qui consiste à faire produire par la rétine une molécule anti-VEGF.
Les coups de pouce du quotidien
Pour se donner les moyens de lutter contre le développement de la maladie il faut accepter de changer certaines habitudes qui ont la vie dure…Et encore une fois le tabac est visé ! Différentes études s’accordent sur le fait que les fumeurs réguliers ont un risque 2,5 à 6 fois plus élevé de DMLA que ceux qui ne fument pas. L’alcool et le surpoids sont aussi des facteurs de risque majeurs, mieux vaut enfiler régulièrement ses baskets que de stagner devant les écrans. Faire son maximum pour éviter l’exposition aux polluants et se protéger des rayons ultraviolets avec le port de lunettes protectrices. Les longueurs d’ondes bleu-violet émises par les écrans (et les LEDs d’après certaines études mais qui ne font pas l’unanimité) seraient nocives pour la rétine, dans le doute, il est toujours possible de mettre en place des filtres sur les écrans. Faire un bilan général donne de précieuses informations. Un bilan cardio-vasculaire car une mauvaise circulation est souvent à l’origine de la DMLA et vérifier notamment l’absence d’hypertension artérielle, de diabète et d’excès de cholestérol et de triglycérides. Ces facteurs semblent multiplier les risques d’être touchées par la maladie. Il est tout naturellement recommandé de conserver une hygiène de vie saine. L’intérêt d’une nutrition préventive fait l’objet de nombreuses études. L’intérêt de la supplémentation des patients atteints de DMLA a été confirmé par de multiples études depuis 1988. Elles ont porté sur le rôle des vitamines, des minéraux et des pigments maculaires. Pour les oméga-3, il y a essentiellement eu des études épidémiologiques, très en faveur de leur rôle préventif. Les antioxydants sont particulièrement intéressants. Ils doivent être souvent pris à haute dose donc ne vous lancez pas seul dans l’aventure ! Un cocktail de vitamines C et E naturelles, B (B6, B9 et B12), bêta-carotène et lycopène (deux antioxydants précurseurs de la vitamine A et qui ont une attirance particulière pour les yeux), zinc (pouvoir régénérateur mais également antioxydant, il peut être pris par voie générale ou sous forme de gouttes ophtalmiques), cuivre (action anti-inflammatoire), sélénium (action de détoxication de l’organisme), le tout permettrait de ralentir l’évolution de la DMLA à un stade intermédiaire ou avancé. La lutéine et la zéaxanthine, des pigments dont manquent les personnes souffrant de DMLA font l’objet de nombreuses recherches. Ces pigments ont la particularité de se concentrer au niveau de la macula pour la protéger des agressions telles que la lumière bleue. Les dosages sont à voir directement avec un ophtalmologue qui saura vous indiquer le cocktail adéquate en fonction de la forme de DMLA et de l’avancée de la maladie. Quoi qu’il en soit, il est chaudement recommandé d’adopter, quelque soit votre âge, une alimentation riche en fruits et légumes et en omega 3 à longue chaîne (poissons gras : hareng, sardine, maquereau, saumon…). Le brocoli, la courgette, les épinards, le chou frisé et de Bruxelles sont particulièrement fournis en lutéine et zéaxanthine, ils aident à prévenir l’usure de la rétine. Excellents également la laitue, les navets, les petits pois ainsi que l’orange, la pastèque et la pêche, la carotte riche en béta-carotène, reine de la vision et la tomate riche en lycopène. La myrtille fortifie la rétine et protège les vaisseaux sanguins de l’œil, elle est à prendre presque systématiquement en cas de DMLA sous forme de poudre, de fruits, de jus…Les pépins de raisin et la vigne rouge auraient aussi un intérêt dans la forme sèche de la maladie. Sans oublier de varier les plaisirs en matière d’huiles (olive, noix, colza, lin, sésame, bourrache, périlla…) riches en omega 3 et 6 et acides gras : action anti-inflammatoire et antioxydante, oxygénation des tissus. Parmi les antioxydants phares du moment : l’astaxanthine. Très puissant, ses effets sur la santé sont nombreux, notamment pour les yeux (DMLA, cataracte, fatigue oculaire). Le gingko biloba est le remède incontournable, il aide à dilater les artères et les artérioles et améliore l’oxygénation des tissus, la rétine aussi ! Intéressants également en homéopathie, Rétine 4CH et Artère 4CH à raison de 3 granules de chaque, une ou deux fois par jour selon l’importance des symptômes, le silicium organique qui soutient la régénération des tissus et pourquoi pas le bol d’air Jacquier qui, par l’amélioration de la disponibilité de l’oxygène sanguin va faire du bien aux cellules de la rétine. Une rééducation de la vision et des séances d’acupuncture peuvent aussi être largement bénéfiques.
Quand les jeux vidéo s’en mêlent
En 2017 la start-up Tilak Healthcare (studio de jeux vidéo spécialisé dans la création de jeux mobiles médicaux pour tablettes et smartphones, destinés au suivi des patients atteints de maladies chroniques) développe « Odysight » en lien avec des ophtalmologistes. Objectif : aider ces derniers à mieux suivre l’évolution de la maladie chez les patients atteints de DMLA ou d’œdème maculaire. Le principe est simple : tous les trois ou quatre jours, le patient teste son acuité visuelle via l’application. En cas de mauvais résultats, un mail est envoyé à l’ophtalmologiste qui peut alors contacter son patient pour ajuster le traitement.
Digne d’un film de science fiction
Les équipes françaises de Pixium Vision ont annoncé en 2018 que leur implant sous-rétinien Prima a atteint les objectifs de son étude clinique de faisabilité. Une micropuce photovoltaïque a été glissée sous la rétine de cinq patients atteints de DMLA sèche. Cette rétine artificielle tient toutes ses promesses : « L’acuité visuelle s’améliore chez la majorité des patients », leur permettant « d’identifier des signaux complexes et des lettres », s’est réjoui Khalid Ishaque, directeur général de Pixium Vision. Résultats confirmés le 18 juillet 2019 avec aucun effet secondaire majeur lié au dispositif et sans impact sur la vision périphérique résiduelle.
Complément d’infos : www.association-dmla.com, www.ladmlaetmoi.fr
www.copmed.fr compléments Vision Premium